DISCOURS DE LUCIE POUILLE, présidente de JTL, lors de l’événement JTL fête ses 10 ans :
Membre du comité depuis 2018, Penda et Anthony m’ont fait l’honneur de me proposer de présider l’association JTL en 2023. Penda a été une des premières personnes à me sensibiliser à la question du racisme systémique, en pointant ses divers avatars. Grâce à ces moments d’échanges, d’écoute, de partage, bref grâce à cette indéfectible amitié de presque 20 ans, j’ai pu peu à peu mieux saisir les mécanismes des rapports de force qui structurent notre société, et que notre collectif se fait fort de décrypter pour mieux nous en défaire.
Depuis sa création, force est de constater que le paysage théâtral français a changé et s’est ouvert à plus de diversité, ce dont les auteurices, membres de JTL, et institutions soutenantes peuvent se féliciter. En effet, les évolutions visant à réduire les inégalités ne se font jamais spontanément et il aura fallu un entêtement opiniâtre pour parvenir à faire reculer le racisme bienveillant qui régnait dans notre milieux sous le masque d’un faux universalisme, patriarcal et blanc.
Aujourd’hui, les récits portés par notre collectif, les visions du monde et les idéaux d’égalité, d’adelphité et de solidarité, sans parler de la liberté, inscrite dans son nom même (quoi de plus français, donc, n’en déplaise à certains!) défendus à travers lui, parviennent peu à peu à se faire une place – à la force du poignet – dans nos institutions, tout comme celles et ceux, artistes de tous horizons, qui luttent depuis des années pour cela.
Et ce n’est pas la seule vertu de notre collectif, puisqu’il représente également pour les auteurices concerné.e.s une ouverture, un courant d’air frais et fertile, permettant à de nouvelles œuvres de se faire jour. Ainsi, l’une de mes plus grande fierté en tant que présidente de notre association a été lorsqu’un des lauréats de JTL nous a témoigné qu’il s’était autorisé à écrire le texte que nous avions promu du fait de l’existence même de notre collectif…
Hélas, nous ne le savons que trop bien, les places et les droits conquis par et pour les personnes opprimées, on doit non seulement se battre pour les gagner mais également pour les garder. Et dans la période actuelle, l’assaut des forces réactionnaires, blanches, bourgeoises, patriarcales – en un mot fascisantes – est particulièrement violent. Il nous faut donc plus que jamais continuer à avancer coûte que coûte, nous soutenir et tenir la ligne. Et cela, comme disait Gramsci, avec aussi bien le pessimisme de la raison que l’optimisme de la volonté. Plus que jamais il nous faut continuer à propager les récits qui bousculent les idées reçues, et qui nous donnent la force de nous battre, sur tous les fronts : racisme, sexisme, homophobie, transphobie, écologie – et capitalisme, sans quoi nos luttes ne sont que trop facilement récupérables par cette idéologie destructrice. Mais il nous faut aussi lutter pour acquérir de nouveaux droits, et en particulier ceux concernant la continuité de revenu pour les artistes auteurices qui souffrent singulièrement de la précarité dans nos milieux.
En ce mois de rentrée où toute une partie de la population semble vouloir relever la tête, et où la colère sociale gronde, ne cédons pas à notre sentiment d’impuissance qui est le meilleur allié de ce contre quoi nous luttons. Et prenons modèle sur l’histoire de ce collectif, qui s’est créé dans l’adversité et qui a su se remettre en question pour mieux se réinventer.
En cet anniversaire, je salue donc le courage, la détermination et l’audace de cette jeune femme noire, autrice alors inconnue de tous, qui s’est dressée ce jour de mars 2015* pour s’emparer de la parole, et ne la rendit plus.
Je salue aussi l’humilité, la cohérence et la présence d’esprit de ce jeune homme blanc, artiste plus installé dans notre milieu, d’avoir su prendre au sérieux cette parole et se remettre en question, au lieu de rester dans un confortable entre soi comme tant d’autres s’en seraient contentés. Je salue aussi et enfin toutes celles et ceux, membres, auteurices, directeurices de structures… qui se sont entêtées à mettre nos institutions, qui aiment trop souvent à se payer de mots, aux pieds du murs de leurs grandes déclarations.
Ensemble, continuons à desceller les pavés infernaux des bonnes intentions, desquels émergera la plage de l’émancipation !
Lucie Pouille, présidente de JTL
* le 30 mars 2015 a eu lieu un débat sur les diversités sur les plateaux de théâtre organisé par La Colline, théâtre national.
DISCOURS DE LUCIE POUILLE, présidente de JTL, lors de l’événement JTL fête ses 10 ans :
Membre du comité depuis 2018, Penda et Anthony m’ont fait l’honneur de me proposer de présider l’association JTL en 2023. Penda a été une des premières personnes à me sensibiliser à la question du racisme systémique, en pointant ses divers avatars. Grâce à ces moments d’échanges, d’écoute, de partage, bref grâce à cette indéfectible amitié de presque 20 ans, j’ai pu peu à peu mieux saisir les mécanismes des rapports de force qui structurent notre société, et que notre collectif se fait fort de décrypter pour mieux nous en défaire.
Depuis sa création, force est de constater que le paysage théâtral français a changé et s’est ouvert à plus de diversité, ce dont les auteurices, membres de JTL, et institutions soutenantes peuvent se féliciter. En effet, les évolutions visant à réduire les inégalités ne se font jamais spontanément et il aura fallu un entêtement opiniâtre pour parvenir à faire reculer le racisme bienveillant qui régnait dans notre milieux sous le masque d’un faux universalisme, patriarcal et blanc.
Aujourd’hui, les récits portés par notre collectif, les visions du monde et les idéaux d’égalité, d’adelphité et de solidarité, sans parler de la liberté, inscrite dans son nom même (quoi de plus français, donc, n’en déplaise à certains!) défendus à travers lui, parviennent peu à peu à se faire une place – à la force du poignet – dans nos institutions, tout comme celles et ceux, artistes de tous horizons, qui luttent depuis des années pour cela.
Et ce n’est pas la seule vertu de notre collectif, puisqu’il représente également pour les auteurices concerné.e.s une ouverture, un courant d’air frais et fertile, permettant à de nouvelles œuvres de se faire jour. Ainsi, l’une de mes plus grande fierté en tant que présidente de notre association a été lorsqu’un des lauréats de JTL nous a témoigné qu’il s’était autorisé à écrire le texte que nous avions promu du fait de l’existence même de notre collectif…
Hélas, nous ne le savons que trop bien, les places et les droits conquis par et pour les personnes opprimées, on doit non seulement se battre pour les gagner mais également pour les garder. Et dans la période actuelle, l’assaut des forces réactionnaires, blanches, bourgeoises, patriarcales – en un mot fascisantes – est particulièrement violent. Il nous faut donc plus que jamais continuer à avancer coûte que coûte, nous soutenir et tenir la ligne. Et cela, comme disait Gramsci, avec aussi bien le pessimisme de la raison que l’optimisme de la volonté. Plus que jamais il nous faut continuer à propager les récits qui bousculent les idées reçues, et qui nous donnent la force de nous battre, sur tous les fronts : racisme, sexisme, homophobie, transphobie, écologie – et capitalisme, sans quoi nos luttes ne sont que trop facilement récupérables par cette idéologie destructrice. Mais il nous faut aussi lutter pour acquérir de nouveaux droits, et en particulier ceux concernant la continuité de revenu pour les artistes auteurices qui souffrent singulièrement de la précarité dans nos milieux.
En ce mois de rentrée où toute une partie de la population semble vouloir relever la tête, et où la colère sociale gronde, ne cédons pas à notre sentiment d’impuissance qui est le meilleur allié de ce contre quoi nous luttons. Et prenons modèle sur l’histoire de ce collectif, qui s’est créé dans l’adversité et qui a su se remettre en question pour mieux se réinventer.
En cet anniversaire, je salue donc le courage, la détermination et l’audace de cette jeune femme noire, autrice alors inconnue de tous, qui s’est dressée ce jour de mars 2015* pour s’emparer de la parole, et ne la rendit plus.
Je salue aussi l’humilité, la cohérence et la présence d’esprit de ce jeune homme blanc, artiste plus installé dans notre milieu, d’avoir su prendre au sérieux cette parole et se remettre en question, au lieu de rester dans un confortable entre soi comme tant d’autres s’en seraient contentés. Je salue aussi et enfin toutes celles et ceux, membres, auteurices, directeurices de structures… qui se sont entêtées à mettre nos institutions, qui aiment trop souvent à se payer de mots, aux pieds du murs de leurs grandes déclarations.
Ensemble, continuons à desceller les pavés infernaux des bonnes intentions, desquels émergera la plage de l’émancipation !
Lucie Pouille, présidente de JTL
* le 30 mars 2015 a eu lieu un débat sur les diversités sur les plateaux de théâtre organisé par La Colline, théâtre national.
DISCOURS DE LUCIE POUILLE, présidente de JTL, lors de l’événement JTL fête ses 10 ans :
Membre du comité depuis 2018, Penda et Anthony m’ont fait l’honneur de me proposer de présider l’association JTL en 2023. Penda a été une des premières personnes à me sensibiliser à la question du racisme systémique, en pointant ses divers avatars. Grâce à ces moments d’échanges, d’écoute, de partage, bref grâce à cette indéfectible amitié de presque 20 ans, j’ai pu peu à peu mieux saisir les mécanismes des rapports de force qui structurent notre société, et que notre collectif se fait fort de décrypter pour mieux nous en défaire.
Depuis sa création, force est de constater que le paysage théâtral français a changé et s’est ouvert à plus de diversité, ce dont les auteurices, membres de JTL, et institutions soutenantes peuvent se féliciter. En effet, les évolutions visant à réduire les inégalités ne se font jamais spontanément et il aura fallu un entêtement opiniâtre pour parvenir à faire reculer le racisme bienveillant qui régnait dans notre milieux sous le masque d’un faux universalisme, patriarcal et blanc.
Aujourd’hui, les récits portés par notre collectif, les visions du monde et les idéaux d’égalité, d’adelphité et de solidarité, sans parler de la liberté, inscrite dans son nom même (quoi de plus français, donc, n’en déplaise à certains!) défendus à travers lui, parviennent peu à peu à se faire une place – à la force du poignet – dans nos institutions, tout comme celles et ceux, artistes de tous horizons, qui luttent depuis des années pour cela.
Et ce n’est pas la seule vertu de notre collectif, puisqu’il représente également pour les auteurices concerné.e.s une ouverture, un courant d’air frais et fertile, permettant à de nouvelles œuvres de se faire jour. Ainsi, l’une de mes plus grande fierté en tant que présidente de notre association a été lorsqu’un des lauréats de JTL nous a témoigné qu’il s’était autorisé à écrire le texte que nous avions promu du fait de l’existence même de notre collectif…
Hélas, nous ne le savons que trop bien, les places et les droits conquis par et pour les personnes opprimées, on doit non seulement se battre pour les gagner mais également pour les garder. Et dans la période actuelle, l’assaut des forces réactionnaires, blanches, bourgeoises, patriarcales – en un mot fascisantes – est particulièrement violent. Il nous faut donc plus que jamais continuer à avancer coûte que coûte, nous soutenir et tenir la ligne. Et cela, comme disait Gramsci, avec aussi bien le pessimisme de la raison que l’optimisme de la volonté. Plus que jamais il nous faut continuer à propager les récits qui bousculent les idées reçues, et qui nous donnent la force de nous battre, sur tous les fronts : racisme, sexisme, homophobie, transphobie, écologie – et capitalisme, sans quoi nos luttes ne sont que trop facilement récupérables par cette idéologie destructrice. Mais il nous faut aussi lutter pour acquérir de nouveaux droits, et en particulier ceux concernant la continuité de revenu pour les artistes auteurices qui souffrent singulièrement de la précarité dans nos milieux.
En ce mois de rentrée où toute une partie de la population semble vouloir relever la tête, et où la colère sociale gronde, ne cédons pas à notre sentiment d’impuissance qui est le meilleur allié de ce contre quoi nous luttons. Et prenons modèle sur l’histoire de ce collectif, qui s’est créé dans l’adversité et qui a su se remettre en question pour mieux se réinventer.
En cet anniversaire, je salue donc le courage, la détermination et l’audace de cette jeune femme noire, autrice alors inconnue de tous, qui s’est dressée ce jour de mars 2015* pour s’emparer de la parole, et ne la rendit plus.
Je salue aussi l’humilité, la cohérence et la présence d’esprit de ce jeune homme blanc, artiste plus installé dans notre milieu, d’avoir su prendre au sérieux cette parole et se remettre en question, au lieu de rester dans un confortable entre soi comme tant d’autres s’en seraient contentés. Je salue aussi et enfin toutes celles et ceux, membres, auteurices, directeurices de structures… qui se sont entêtées à mettre nos institutions, qui aiment trop souvent à se payer de mots, aux pieds du murs de leurs grandes déclarations.
Ensemble, continuons à desceller les pavés infernaux des bonnes intentions, desquels émergera la plage de l’émancipation !
Lucie Pouille, présidente de JTL
* le 30 mars 2015 a eu lieu un débat sur les diversités sur les plateaux de théâtre organisé par La Colline, théâtre national.